Voici maintenant plus de dix jours que les cheminot-e-s ont entamé une grève reconductible majoritaire (contrairement aux dires des médias, les syndicats appelant à ce mouvement représentaient environ 60% des votes aux dernières élections professionnelles à la SNCF) afin de s’opposer à la casse de la SNCF et à la libéralisation du rail voulue par l’Union européenne. Assemblées générales et reconductions massives, autogestion du mouvement, actions directes partout sur le territoire... Une lutte qui appartient à l’ensemble des travailleur-es, cheminots comme usagers, puisqu’il s’agit de lutter contre la destruction d’un service public fondamental et déjà menacé depuis des années sous la pression de la logique du profit (destruction du fret, priorité donnée aux TGV contre les lignes de proximité, augmentation des prix, multiplication des incidents techniques du fait de la suppression de postes, etc.) comme contre la dégradation des conditions de travail des cheminots eux-mêmes. Quelle que soit l’issue de cette lutte difficile, les cheminots auront montré la voie : loin des promesses et fausses révoltes électorales, seul un véritable rapport de force, avec des syndicats combatifs, des assemblées générales souveraines, des actions directes et un mouvement de grève reconductible peuvent remettre en cause la toute-puissance patronale et étatique. Preuve en est d’ailleurs le matraquage médiatique visant à remettre en cause ce mouvement par tous les moyens : quand les dirigeants ont peur, leurs compères patrons de presse (et non les travailleurs de la presse, tout autant victimes de la violence patronale et de la précarité que les autres travailleurs) et autres experts autoproclamés sont là pour les épauler…
De revendications, il est également question au sujet de la remise en cause de la convention Unedic. Les intermittent-e-s du spectacle de la même manière s’organisent à la base, toujours dans le cadre d’assemblées générales, et ce afin que le gouvernement n’agrée pas cette nouvelle convention Unedic, faîte de reculs sociaux en terme d’ouverture de droits à l’indemnisation chômage, pour les intermittents comme les intérimaires, ou encore aggrave les délais de carence. Partout dans le pays, des grèves et des débrayages perturbent voir annulent spectacles et festivals. Des structures entières sont paralysées et le festival d’Avignon lui-même se voit menacer de sauter. Mieux, les différents collectifs de luttes voient l’unité des chômeurs, des précaires, des intérimaires et des intermittent-e-s se matérialiser.
Et ce n’est pas la fausse concession gouvernementale qui doit changer quoi que ce soit. En effet, ce « geste » est dangereux à plusieurs titres. Tout d’abord il n’est que « transitoire » : rien n’engage à ce que, une fois les festivals d’été passés (principale source de rapport de force du mouvement), le délai d’indemnisation fasse son retour… Ensuite, et bien plus grave sur le fond, la prise en charge par l’État de ce différentiel, est une nouvelle attaque contre la socialisation des salaires, fondement de la sécurité sociale. Après les retraites et le minima sociaux, il s’agit une nouvelle fois de remplacer la cotisation sociale et la solidarité interprofessionnelle par l’impôt et l’étatisation de la sécurité sociale. Or la sécurité sociale (dans toutes ses composantes, du chômage à la santé) a été développée comme une institution relevant de la seule décision des travailleurs et fondée sur une socialisation des richesses créées par la cotisation sociale, non comme un organisme de « bienfaisance étatique auprès de plus démunis ».
Pour compléter le tableau, moins médiatisées, les luttes se multiplient également à La Poste contre les réorganisations et fermetures de sites. Tout comme le combat contre la réforme des rythmes scolaires qui continue d’être mené par les enseignants comme les animateurs, ou les mobilisations dans la santé et le social, à l’image de l’Hôtel-Dieu, de la maternité de Lilas ou encore des crèches de la région parisienne.
Après les contre-réformes des retraites, la loi de « sécurisation de l’emploi », le « pacte de compétitivité », etc., le mouvement syndical doit renforcer les luttes contre ce gouvernement soumis aux ordres du patronat et reprendre l’offensive pour défendre et renforcer notre modèle de sécurité sociale fondé sur la socialisation des richesses et sa gestion par les travailleurs, ainsi que maintenir une logique de service public sans impératifs de profit mais répondant réellement aux besoins de la population.
Partout, la CNT appelle à renforcer la convergence des luttes et à construire une riposte syndicale intransigeante et d’envergure pour mettre fin à la cure d’austérité libérale et imposer au patronat et aux gouvernants, quels qu’ils soient, une autre politique sociale, qui enfin s’affronte aux méfaits du capitalisme plutôt de que de l’accompagner, voire le renforcer.
Seule la lutte paie !