ESPAGNE, GRECE, TUNISIE POUR UNE EMANCIPATION POPULAIRE : OBSTACLES ET PERSPECTIVES
Ces dernières années se sont fait jour dans différents pays des mouvements sociaux d’envergure qui portaient une réelle radicalité tant au niveau de leurs formes qu’au niveau de leurs revendications.
En Grèce, dans un pays en crise, le peuple exsangue, bloquait le pays, par l’intermédiaire de différentes journées de grève générale. Il entendait se défaire des chaînes que lui imposait l’UE...
En Espagne, dans un pays tout aussi en crise avec un taux de chômage dépassant les 30%, c’est le mouvement des Indigné-e-s qui est apparu sur le mot d’ordre "Ils ne nous représentent pas". Rejetant les partis au pouvoir, responsables à leurs yeux de la crise, le Parti populaire (droite et droite extrême) et le Parti Socialiste, le Mouvement des Indigné-e-s faisait tâche d’huile. Il multipliait aux quatre coins de la péninsule ibérique : Manifestations massives, occupations des places des grandes villes, actions directes contre les expulsions de locataires...
En Tunisie, faisant écho aux révoltes qui déferlaient sur plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient (Yémen, Libye, Bahreïn, Égypte, Maroc), le peuple mettait à bas le sanguinaire dictateur Zine el-Abidine Ben Ali et de sa clique.
Les résultats, hélas, de ces mouvements plein d’espoir où les peuples prenaient leurs destins en main, sont au final décevants :
En Grèce l’illusion que le gouvernement de Syriza d’Alexis Tsirpas puisse tenir tête à la Troïka et à Merkel est depuis oublié. Renonciations après renonciations Syriza s’est converti en un Parti qui gère la crise, accepte les règles imposées par Bruxelles et a abandonné, en l’espace de quelques mois, tout espoir d’ apporter toute alternative sociale au peuple...
En Espagne, c’est le Parti Podemos de Pablo Iglesias qui entend représenter cette illusion qu’une autre politique est possible contre le rouleau compresseur capitaliste. Bien que n’ayant pas encore été passé au crible de l’exercice du pouvoir, il est assez évident que Podemos, malgré
l’énorme soutien populaire qu’il soulève, ne saura répondre aux
attentes. D’ores et déjà, ses tractations avec le Parti socialiste
laissent présager une série de renoncements de sa part sur les aspects
les plus radicaux de son programme politique. Ce qui ne va d’ailleurs
pas sans provoquer de sérieux remous en interne du parti de Pablo
Iglesias.
En Tunisie, ce sont les islamistes d’Ennahdha et les anciens cadres
du Régime qui mènent la danse depuis la chute de Ben Ali.
Sur la base de l’analyse des situations de ces trois pays, nous pouvons, dès lors, nous poser une question : Alors que des mouvements sociaux existaient et qu’émergeait la perspective d’un changement radical de société, pourquoi avons-nous assisté, dans les trois cas, à un détournement et à une confiscation de la colère populaire ?